Florilège poésie fin de siècle

Préface

Dans le cadre de notre cours de Méthodologie et de Tice Lettres, nous, étudiants de deuxième année en Lettres Modernes, avons préparé ce recueil de poésie symboliste et décadente. En travaillant à partir d’un corpus de textes choisis par notre professeur en début d’année, d’explications de poèmes présentées en classe, et grâce à de nombreuses discussions autour des poètes, nous sommes parvenus à cette édition critique de poémes décadents et symbolistes. Notre but est de donner accès aux lecteurs, et plus particulièrement aux étudiants de deuxième année, à une poésie obscure mais non moins fascinante dont on ne connaît souvent que les grandes figures : Verlaine et Mallarmé.

Le mouvement symboliste et décadent couvre la fin du XIXème siècle. Les poètes puisent une grande part de leur inspiration dans Les Fleurs du mal de Baudelaire, véritable révolution littéraire, paru en 1857. Mais ce mouvement artistique débute officiellement en 1886 avec la parution du « Manifeste du Symbolisme », écrit par Jean Moréas, dans Le Figaro.

En 1870, la bataille de Sedan marque la défaite de l’Empire français contre la Prusse et le début d’un « mal du siècle » encore plus profond que celui des romantiques. La Commune, pendant laquelle les Parisiens refusent de signer l’armistice, laisse quant à elle le pays sur une impression de décadence. C’est dans ce contexte, alors que l’heure est à la gloire du positivisme, que de nombreux poètes influencés par les idées de Schopenhauer et de Hartmann[1], proclament un besoin d’aller au-delà des apparences. Ils encouragent un retour au rêve, aux légendes anciennes, à la spiritualité, s’opposant ainsi à la sécheresse du positivisme. La musicalité du vers est également au centre de toutes les attentions : règne du vers libre et libéré, et influence du wagnérisme, mouvement artistique germanique qui consiste en la synthèse des arts poétiques et musicaux.

Enfin, le symbolisme est lui-même un symbole de cosmopolitisme. Influencé par le pré-raphaëlisme anglais et le wagnérisme allemand, il réunit des poètes de tous horizons : des Français bien sûr (en dehors de Mallarmé et Verlaine, considérés comme des maîtres, on peut citer René Ghil, Gustave Kahn, Jules Laforgue), mais aussi des Américains (Stuart Merrill, Francis Vielé-Griffin), des Belges (Georges Rodenbach, Maurice Maeterlinck) et un poète d’origine grecque, Jean Moréas.

Une des raisons pour lesquelles ces poètes restent dans l’ombre est probablement leur complexité et leur formidable marginalité. Notre présentation tentera de réparer cette injustice. Cependant, de façon à laisser au lecteur la liberté de découvrir ces poèmes, nous avons décidé de ne pas trop l’orienter dans son interprétation mais de, simplement, le guider. Nous avons donc organisé cet ouvrage en sections regroupant les thèmes symbolistes principaux. Chaque partie sera accompagnée de trois annexes car, si nous avons axé notre anthologie sur les poèmes, les liens avec la peinture, les romans et le théâtre sont essentiels. Tous ces éléments offrent une vision mosaïque de ce mouvement artistique, à l’image de la complexité symboliste et décadente.

[1] L’ouvrage du philosophe allemand Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, traduit en français en 1877, connaît un grand succès. On en retient surtout un pessimisme radical. Quant à l’ouvrage de Hartmann, Philosophie de l’inconscient (1869), il n’est pas moins pessimiste, présentant l’humanité comme gouvernée par une force aveugle au service de l’espèce (cette force inconsciente est différente de l’inconscient tel que Freud le définira bientôt.)


Université Lumière LYON 2
Faculté LESLA
Département des Lettres

Méthodologie et expression – Tice
Année Universitaire 2010 / 2011