Cette plaquette constitue, comme les années précédentes, un témoignage du travail mené par les étudiants de 2ème année de Lettres modernes, dans le TD de Méthodologie et Expression (enseignantes : Sophie Coste et Servane L’Hopital), en partenariat avec le TD de TICE (enseignant : Serge Molon). En 2010-2011, les étudiants ont exploré, en Méthodologie et Expression, quelques aspects de la poésie décadente et symboliste, et ont abouti, en fin de semestre, à la rédaction de dossiers consacrés à un certain nombre de poèmes de leur choix. Parallèlement, ils ont travaillé en TICE sur la mise en forme de leurs recherches. Les dossiers ont été évalués sous ces deux aspects, et les plus aboutis d’entre eux ont été sélectionnés pour composer le présent recueil.
Pourquoi avoir choisi la poésie décadente et symboliste ? Entre autres raisons parce que, à l’exception de quelques grands noms comme ceux de Mallarmé, Verlaine, ou Jules Laforgue, elle est aujourd’hui peu lue et du reste peu éditée, étant assez généralement considérée plutôt comme un champ d’expérimentation où s’élabore la modernité poétique du XXème siècle que comme le lieu d’une véritable éclosion poétique. Nous offrant un corpus de textes encore vierges, pour beaucoup d’entre eux, de tout appareil critique, elle convenait donc à notre projet de réalisation d’une (modeste) édition critique. Et puis elle offrait des textes suffisamment résistants à la lecture pour légitimer un travail d’élucidation et d’annotation.
Comme il n’existait pas d’anthologie en édition de poche, nous avons travaillé sur un corpus d’une soixantaine de poèmes sélectionnés par moi-même et réunis en un fascicule qui a été distribué aux étudiants à la première séance. Difficile sélection ! Pour limiter l’abondance du corpus, des bornes temporelles strictes ont été posées : 1880-1900, c’est-à-dire les vingt dernières années du XIXè siècle. Et à l’intérieur de ces bornes j’ai renoncé, à regret, à certains textes, ainsi ceux de Rimbaud – le grand absent –, compte tenu du fait que son œuvre avait été écrite avant 1875 et que, même si la parution des Poètes maudits de Verlaine en 1884 puis celle des Illuminations en 1886 le faisaient découvrir au cours des années 1880, son influence sur les poètes symbolistes et décadents restait encore limitée, ne devant prendre sa mesure que plus tard.
On s’étonnera aussi peut-être de l’absence d’Emile Verhaeren : deux poèmes de lui figuraient bien dans le corpus, mais il se trouve qu’ils n’ont pas été retenus par les étudiants, du moins dans les dossiers sélectionnés (non plus que ceux de Gustave Kahn, Robert de Montesquiou, Germain Nouveau, Maurice Rollinat, qui avaient également été proposés).
Signalons encore que, dans le corpus de textes distribué aux étudiants, Verlaine et Mallarmé bénéficiaient d’un statut à part, en tant que « maîtres » de toute une génération de poètes. Ils se trouvent finalement, dans notre florilège, mis sur le même plan que des poètes qui ont aujourd’hui bien vieilli ! Mais l’organisation thématique de notre florilège nous imposait cette absence de hiérarchie.
Enfin, j’ai fait le choix de retenir, dans mon corpus, des textes qui relèvent plutôt de la prose poétique (Les Nourritures terrestres de Gide) ou du théâtre (Tête d’or de Claudel). Il me semblait indispensable de ménager une place à l’émergence, dans les dernières années du XIXè et dans le sillage du symbolisme, à de futures grandes figures du XXè siècle.
Comme les années précédentes, le travail mené en méthodologie a mobilisé, autour de l’étude des poèmes un certain nombre de pratiques méthodologiques (recherches documentaires, établissement de bibliographies, annotations, rédaction de développements synthétiques…). Concrètement, les étapes du travail ont été les suivantes :
• Après distribution du fascicule de poèmes – matériau brut présentant les textes dans l’ordre alphabétique d’auteur, sans aucun commentaire – l’objectif a été annoncé d’emblée : parvenir, en fin de semestre, à une présentation raisonnée de ces poèmes, classés en sections, annotés, brièvement commentés : le tout dans l’esprit d’une « édition critique » conçue par des étudiants pour des lecteurs étudiants, et susceptible de leur faciliter l’accès aux textes.
• Les étudiants, généralement par équipes de deux, ont choisi à leur gré un poème qu’ils ont présenté oralement, en s’attachant à élucider les difficultés et à proposer des pistes interprétatives. Ils ont également proposé des annotations.
• Les propositions d’annotation ont donné lieu à des échanges sur la question de l’annotation : son utilité, sa pertinence, ses éventuels excès … et plus largement à une réflexion sur l’appareil critique et ses effets sur le lecteur.
• À chaque présentation orale, les étudiants ont présenté brièvement la bibliographie qu’ils avaient utilisée. Au fil des séances s’est ainsi construite une bibliographie d’ensemble à l’usage du groupe.
• Il a été demandé à chaque équipe de proposer un regroupement de quatre à six poèmes en fonction d’une thématique ou d’une caractéristique formelle, en vue de définir les différentes sections que pourrait comporter notre florilège.
• Chaque équipe a réalisé, pour la fin du premier semestre, un dossier écrit sur la section de son choix (vu le nombre d’étudiants concernés, un même thème s’est trouvé parfois traité par plusieurs équipes). Ce dossier devait comprendre : une préface d’ensemble présentant le travail mené ce semestre ; une introduction à la section choisie ; une sélection de poèmes référencés, pourvus d’un chapeau introductif et d’annotations de bas de page ; une bibliographie classée ; enfin trois annexes présentant des documents variés (dont au moins un de nature iconographique) susceptibles d’entrer en résonance avec le thème de la section.
• Enfin, au deuxième semestre, une équipe de quatre étudiantes volontaires, encadrées par les enseignants, a travaillé sur l’élaboration du recueil. Les réunions, régulières, ont porté sur les points suivants : sélection des dossiers, composition du recueil, tri des annexes, relecture, corrections sur le plan de l’orthographe, de la syntaxe, du vocabulaire, de la typographie, de la ponctuation.
Les présentations et annotations sont demeurées (à l’exception de quelques modifications demandées aux étudiants) ce qu’elles étaient dans les dossiers, même lorsqu’elles se révélaient quelque peu légères en regard de la densité des textes ; par ailleurs, les sections ayant été librement choisies par les étudiants, il était inévitable que certains poèmes apparaissent dans plusieurs sections. Tout ceci témoigne de la modestie du projet : très loin de se prétendre une véritable édition critique, ce petit recueil n’a d’autre ambition que de rendre compte de l’effort fait par les étudiants pour se frayer des chemins dans une poésie souvent difficile (et pour laquelle ni la tradition scolaire ni le web n’offraient d’explications en « prêt-à-porter ») et surtout de l’intérêt qu’ils y ont manifesté.
Sophie COSTE
Le partenariat avec Tice a permis de sensibiliser les étudiants à la nécessité d’associer la réflexion sur les contenus à celle concernant l’efficacité et la rigueur de la mise en forme.
Au cours des TD de Tice tout au long du premier semestre, outre la réflexion sur le rapport entre forme et statut du texte, ont été traitées les possibilités et techniques d’accompagnement (annotation, bibliographie, notes de bas de page, …) et d’enrichissement (table des matières, illustration par insertion d’image, sections, …) d’un ouvrage ou d’un simple document.
Au deuxième semestre, les étudiants volontaires ont mené un important travail d’homogénéisation des différents dossiers rassemblés dans cette plaquette : vérification typographique, repérage des différents statuts des textes et élaboration de la feuille des styles correspondante, stylage du contenu...
Serge MOLON
Université Lumière LYON 2
Faculté LESLA
Département des Lettres
Méthodologie et expression – Tice
Année Universitaire 2010 / 2011